L'OBSERVATION DES OISEAUX PENDANT LA PERIODE DE REPRODUCTION
Recherche de l'emplacement du nid
Le nid d'un oiseau est virtuellement son " foyer " pendant la saison de la reproduction, c'est-à-dire l'endroit où il peut élever sa famille dans une sécurité relative. Son emplacement est choisi avec apparemment autant de soins pour le détail que ceux apportés par un jeune couple d'humains recherchant un appartement. Quand on connaît les habitudes des différerents oiseaux, il est relativement facile de prévoir l'endroit ou ils nicheront.
Quoiqu'il y ait une grande variété d'emplacements disponibles, tous ont tendance à choisir des endroits particuliers à leur espèce. La découverte des nids est en grande partie due à la connaissance de leurs habitudes. Un certain nombre d'oiseaux partagent le même habitat, mais chacun occupe une niche écologique personnelle.
Une fois l'idée bien établie, que le nit est le " foyer "familial, il devient évident qu'il doit être situé dans un endroit où il sera nécessairement le plus possible a l'abri de l'atteinte des prédateurs. Le milieu environnant doit également procurer une nourriture abondante. Les espèces ont des façons différentes de réunir les éléments essentiels de sécurité et de nourriture. Les sternes, les mouettes ou les goélands, par exemple, éprouvent le besoin de se rassembler en grand nombre pour nidifier ; ceci à pour but de réduire les risques encourus, du fait des prédateurs qui se trouvent ainsi surveiller par un plus grand nombre d''yeux et donc les attaques sont prévenues par des appels entendus de toute la colonie. Par contre, les oiseaux de proie on besoin d'un certain isolement vis-à-vis de leurs frères de race, afin d'éviter d'entrer en compétition pour la nourriture.
Quelques espèces préfèrent nicher au-dessus du sol ; certaine au-dessous, d'autres à des hauteurs variées. De façon humoristique, on pourrait dire que les freux et les hérons correspondent aux résidents des appartements des étages supérieurs, tandis que les échassiers occupent le rez-de-chaussée et les macareux le sous-sol. Il y a, dans le monde des oiseaux, des espèces sociables aussi bien que des insociables. Le pluvier doré et le merle à plastron sont du type " villa sur la colline ", mais les moineaux et les martinets montrent une préférence pour les lieux habités par l'homme.
Les bergeronnettes grises et les hirondelles nichent aussi près des maisons, utilisant les corniches ou les saillies des constructions humaines. Quelques oiseaux s'adaptent rapidement aux milieux créés par l'homme. Un rouge-gorge qui niche dans une vieille bouilloire ou un roitelet établissant son nid dans la poche d'un vieux manteau pendu dans l'abri d'un jardin sont des exemples classiques; mais des sites artificiels peuvent aussi être utilisés, loin des lieux de l'activité humaine ; en Grande-Bretagne, des pigeons colombins ont niché dans des chars abandonnés par l'armée, tandis que des traquets motteux occupaient des boîtes de munitions vides. D'autres espèces réclament des milieux absolument naturels, la bécasse des bois, par exemple, utilise le lit de feuilles mortes reposant sur un sol inégal, son plumage se confondant avec ce qui lui permet d'échapper à la vue de ses ennemis.
Quelquefois, le même emplacement est occupé d'une année sur l'autre. Les hérons et les cincles affectionnent des endroits traditionnels, mais la plupart des espèces choisissent un nouvel emplacement chaque année, et, dans la majorité des cas, c'est le mâle qui le sélectionne. Vouloir généraliser au sujet des oiseaux est aussi imprudent que de le faire vis-à-vis du comportement des humains. Chez les canards et les oies, par exemple, le choix est presque entièrement laissé à la femelle; par contre, chez d'autres espèces, telles les mésanges charbonnières, c'est le mâle qui recherche et inspecte les trous utilisables et attend que la femelle en choisisse un. Le mâle de troglodyte fait preuve encore de plus d'initiative, car il construit plusieurs nids dont l'un est choisi par la femelle, qui le garnit alors d'un revêtement intérieur de plumes. Pour trouver le nid d'une espèce, il est indispensable de savoir observer le comportement du couple dès le début de la construction.
Construction du nid
Des oiseaux qui vont et viennent en volant et transportent des matériaux attirent l'attention ; c'est pourquoi l'observation au moment de la construction du nid est souvent la meilleure façon de le localiser pendant la période de reproduction. (Une autre occasion se présente, plus tard, quand les parents font de nombreuses allées et venues pour nourrir les jeunes.) Cependant, certaines espèces n'utilisent pas de matériaux. On a coutume de penser qu'un nid est construit en forme d'une coupe, fait de matériaux naturels recueillis par l'oiseau et façonnés en un réceptacle d'architecture; en fait, le " foyer " d'un oiseau ne peut être rien de plus qu'une faible dépression dans le sol, grattée par l'occupant, ou même une légère saillie de rocher sans matériau d'aucune sorte. Un nid de roitelet, suspendu sous la branche d'un conifère, est un minuscule berceau de mousse et de toiles d'araignées, bordé de plumes molles et nous semble une œuvre d'art ; en comparaison, le tas d'algues grossièrement étalées d'où sort de son œuf un jeune fou de Bassan, ressemble à un dépotoir. Un campement de Gitans n'a rien de comparable avec une résidence bourgeoise, mais le Gitan n'apprécierait pas l'atmosphère artificielle et sophistiquée à ses yeux d'un tel milieu. Chaque emplacement choisi est en rapport avec les besoins du constructeur.
Certaines espèces ne construisent pas de nid, ainsi, le coucou, dont le comportement est bien connu, se conduit en parasite; il attend que le propriétaire d'un nid s'absente pour y déposer ses œufs, les confiant ainsi à des parents adoptifs. L'équivalent d'un locataire se rencontre également dans le monde des oiseaux; un exemple remarquable est celui du chevalier culblanc, un échassier, qui occupe souvent le vieux nid d'une grive musicienne en lui succédant. Des oiseaux de proie tentent d'entrer en possession des nids d'autres espèces, le faucon hobereau, par exemple, occupe parfois celui construit à l'origine par une corneille.
Le rôle du mâle et de la femelle
De même qu'il existe une grande variété de nids et d'emplacements, il y a aussi une importante variation dans les rôles joués par le mâle et la femelle, non seulement dans la recherche d'un " logement ", mais aussi à tous les stades du cycle de reproduction. Les gobe-mouches gris fournissent l'exemple de ce que certains décriraient comme l'heureux ménage, les deux sexes partageant les charges familiales à tous les degrés. Le mâle de la mésange à longue queue participe à la construction du nid comme à l'incubation des œufs, rapportant également la nourriture à la femelle qui la dépose dans les becs grands ouverts des poussins. Chez certaines espèces, le mâle apporte les matériaux mais laisse le soin de la construction à la femelle, tel est le comportement du mâle de la grive musicienne, qui abandonne également la plus grande partie de l'incubation, mais aide la femelle à nourrir les jeunes. Le mâle du phalarope à bec étroit est encore plus remarquable, car, non seulement il attend que la femelle lui fasse la cour, mais il couve également les œufs et surveille les jeunes lorsqu'ils sont éclos.
La sélection naturelle détermine le rôle joué par chacun des sexes dans des circonstances normales; un exemple évident montrant comment elle agit en faveur de certaines espèces est illustré par la coloration terne du plumage des canes, ce qui leur permet de se dissimuler plus facilement dans le milieu environnant pendant l'incubation, tandis que le mâle, beaucoup plus brillamment coloré, se tenant à proximité, attirera et distraira loin de remplacement du nid Inattention des prédateurs éventuels. Au contraire, les deux sexes de l'engoulevent ont un plumage presque identique et tous les deux se partagent l'incubation. Cependant, le processus de la sélection naturelle est très complexe et il serait imprudent d'affirmer, par exemple, que la charge de l'incubation est toujours partagée quand le plumage des deux sexes se ressemble; c'est ainsi que, tandis que le mâle et la femelle du rossignol sont très semblables, la femelle couve seule.
Le début du cycle de reproduction
Des changements physiologiques apparaissent chez les oiseaux avec le début de la période de reproduction. Des modifications du milieu, telles que F augmentation de la température et de la lumière, favorisent la reproduction des espèces et stimulent ces changements physiologiques ainsi que le comportement. Le cycle de reproduction débute par la recherche de l'époux et de remplacement convenable où pondre et nourrir les jeunes. Les méthodes employées varient suivant les espèces.
Normalement, un oiseau ne se reproduit pas avant d'avoir acquis le plumage caractéristique de son espèce, ce qui correspond avec la période de reproduction. Le plumage de nombreux adultes varie avec l'époque de l'année ; par exemple, en hiver, le plumage du lagopède des Alpes est presque entièrement blanc, le protégeant contre ses ennemis lorsque le sol est recouvert de neige; à la saison de reproduction, les parties du dessus de cet oiseau sont brunes et mouchetées et se confondent parfaitement avec le fond de lichens et d'éboulis parmi lequel il niche. Les mâles adultes de nombreuses espèces acquièrent un plumage plus coloré à l'approche de la période nuptiale et ils utilisent les contrastes les plus frappants de leur coloration pour en faire étalage devant la femelle en prenant des attitudes de parade variées. Quelques espèces développent des parures spéciales à cette occasion, telles que huppes et collerettes.
Ces parades nous semblent souvent étranges et merveilleuses, parfois grotesques, car les oiseaux adoptent des postures artificielles. Chaque forme de parade est un moyen d'attirer l'attention d'un autre oiseau et de l'avertir; les mâles s'exhibent ainsi, non seulement pour attirer l'attention d'une compagne, mais aussi pour effrayer les autres mâles concurrents. Une démonstration de force est souvent un moyen efficace pour traiter avec un rival et moins dangereuse que d'engager le combat. Le procédé pour attirer une compagne et conserver son territoire à l'abri des rivaux est obtenu, chez de nombreuses espèces, par des méthodes aussi bien vocales que visuelles; une alouette qui s'élève dans le ciel en chantant à perdre baleine signifie aux autres qu'un emplacement particulier est désormais occupé; les espèces qui nichent dans le couvert dense, telles les fauvettes, comptent à peu près entièrement sur des chants bien caractérisés, dont certains ont une portée remarquable. D'autres, comme le râle des genêts, ont des chants monotones qui se prolongent longtemps après la nuit tombée.
Le chant est un moyen d'établir son territoire. Un pinson des arbres chantera depuis différents perchoirs qu'il utilise comme postes de chant, délimitant ainsi les frontières de son domaine comme un homme qui poserait une clôture autour de sa propriété. Avec un territoire de reproduction bien défini et une compagne attirée avec succès, l'appartement doit encore se réaliser et des figures de parade variées aideront à renforcer le lien et à synchroniser le processus émotionnel des partenaires. La période nuptiale est relativement courte chez la plupart des oiseaux et de " longues fiançailles " n'apporteraient rien de plus au succès de l'entreprise.
L'exécution de la parade est instinctive et sa forme d'expression propre à chaque espèce. Les oiseaux s'adressent mutuellement des signaux et se mettent, eux-mêmes, incidemment en évidence aux yeux des humains. Dès que l'on connaît les attitudes de chaque espèce, on peut, non seulement localiser le couple, mais également étudier son comportement et même savoir à quel stade de la période de reproduction il est parvenu. Les spécialistes peuvent faire la distinction entre les attitudes de menace et les postures de soumission, les cérémonies de salutations et les parades mutuelles, ce qui leur permet d'interpréter correctement ce que tout ceci signifie et d'estimer le degré d'agitation du partenaire; bien entendu tout cela demande à l'observateur du temps et de l'expérience pour comprendre ce qu'il voit, et un certain jargon scientifique, utilisé par les spécialistes, tend à le déconcerter ; ceci n'est pas plus compliqué que de juger le comportement normal des humains. Un homme qui sort la main de sa poche peut aussi bien la tendre pour serrer la vôtre que pour frapper du poing; on n'éprouve aucune difficulté à prévoir le mouvement qu'il va accomplir, parce que l'on est habitué à ces gestes. Les oiseaux possèdent également des moyens de signalisation que l'on peut aisément reconnaître si on les étudie dans le détail.
Quelques-uns de ces signaux d'oiseaux sont si évidents que l'on ne peut les ignorer, par exemple, la clameur de petits oiseaux houspillant un hibou ou un oiseau de proie sert à avertir les autres oiseaux du voisinage de la présence d'un ennemi; un oiseau qui prend des attitudes anormales, laissant traîner ses ailes, ou courant sur le sol, ressemble alors plus à un petit mammifère qu'à un oiseau, attire manifestement Inattention sur lui et entraîne le prédateur éventuel loin de ses œufs ou de ses poussins; un spécialiste, cependant, sera capable de dire, d'après cette attitude de diversion, si l'oiseau essayait de protéger ses œufs ou ses poussins; un grand gravelot se comporte vraisemblablement de cette manière avant la fin de l'incubation, tandis qu'un petit gravelot est susceptible de le faire quand les œufs sont éclos.
Les œufs et leur incubation
Suivant les espèces, les œufs sont pondus à des mois différents de l'année. Pour élever la famille avec succès, il est essentiel que les poussins naissent à un moment où la nourriture qui leur convient est disponible et rapidement accessible aux parents. Les mésanges charbonnières, par exemple, préfèrent nourrir leurs jeunes avec des chenilles et on a noté que la première couvée de l'année tend à éclore au moment où les chenilles sont abondantes, période relativement courte et sujette à de légères variations suivant la précocité ou le retard de la saison. Nous ne savons pas encore comment s'y prennent les mésanges pour réussir cette synchronisation, mais le fait est quelles agissent ainsi, modifiant la date du début de la ponte de la première couvée en fonction de la période d'apparition des chenilles. Les oiseaux qui nourrissent leurs jeunes d'insectes adultes, comme les hirondelles qui attrapent leurs proies au vol, font éclore leurs œufs un peu plus tard dans la saison. Quand on connaît la nourriture typique de chaque espèce, il est ainsi facile de comprendre pourquoi les pontes ont lieu à des moments différents.
L'identification des œufs enlevés d''un nid peut être difficile, car ceux de certains oiseaux varient considérablement de couleurs et d'ornementation à l'intérieur d'une même espèce. Les œufs pondus dans un nid typique et dans un site caractéristique sont bien plus faciles à identifier qu'un œuf isolé dans le creux d'une main.
Les œufs des passereaux, oiseaux chanteurs et percheurs, sont habituellement pondus tôt le matin, à vingt-quatre heures d'intervalle. L'importance moyenne d'une couvée, la série complète d'œufs pondus varient selon les espèces, mais il peut y avoir aussi quelques variations à l'intérieur des limites caractéristiques de chaque espèce. Certains font plus d'une couvée dans l'année et, même, dans le cas où la couvée est normalement unique, une couvée de remplacement est généralement pondue si la première est détruite.
Il existe aussi une grande variation entre espèces, en ce qui concerne la durée qui sépare la fin de la ponte de l'éclosion, connue sous le nom de " période d'incubation ". Pendant celle-ci, la chaleur est communiquée aux œufs par le corps de l'un ou l'autre des parents, pour permettre le développement de l'embryon ; le corps de nombreux oiseaux présente des espaces de peau nue mis en contact direct avec l'œuf quand ils se tiennent sur le nid. La durée de la période d'incubation est caractéristique de l'espèce. Un pouillot véloce, par exemple, couve pendant près d'une quinzaine de jours, alors que l'incubation des œufs d'un cygne dure cinq semaines environ. La plupart des espèces commencent à couver après la ponte du dernier œuf, comme le merle, par exemple, mais la chouette hulotte commence l'incubation dès la ponte du premier œuf.
Développement du poussin
Le stade de développement atteint par le poussin au moment de l'éclosion est l'un des facteurs "qui explique ces différences dans la durée de l'incubation. Un poussin de merle naît nu et aveugle et! peut à peine se mouvoir, il restera donc encore dans le nid, pour achever son développement ; un jeune colvert, par contre, qui naît les yeux ouverts, couvert de duvet et capable de se mouvoir librement, quitte le nid très peu de temps après l'éclosion.
Les jeunes oiseaux qui restent au nid après l'éclosion sont dits " nidicoles "; ceux qui le quittent très tôt après l'éclosion sont appelés " nidifuges ". Les parents des espèces nidicoles doivent maintenir les poussins au chaud et, bien entendu, leur apporter la nourriture; le nid doit être tenu très propre, sinon la production de chaleur perdrait de son effet; dans de nombreux cas, les parents enlèvent les fragments de coquilles et les déjections (celles-ci contenues dans une enveloppe blanche), soit en les avalant, soit en les transportant à quelque distance du nid, afin d'éviter d'attirer l'attention des prédateurs.
On pourrait penser que les parents des espèces nidifuges ont moins de soucis que les autres, mais, en fait, ils continuent d'exercer leurs devoirs de parents, qui sont plus ou moins importants suivant les espèces. Les jeunes montrent une tendance naturelle à suivre leurs parents qui les emmènent hors du nid ; ceux de certain es espèces, tel le vanneau huppé, sont capables de se nourrir immédiatement par leurs propres moyens, alors que d'autres, comme ceux du grèbe huppé, non seulement doivent être nourris pendant un certain temps, mais vont jusqu'à se reposer sur le dos des parents. Les parents peuvent aussi prendre soin des jeunes en les abritant du soleil ou de la pluie comme en les avertissant d'un danger; c'est ainsi que des cris d'appel spéciaux sont lancés à l'approche d'un prédateur. Ces appels, joints à des attitudes de diversion souvent très remarquables, prouvent que les jeunes sont à proximité quand on est à la recherche d'un nid.
Pour bien des gens, l'éclosion d'un œuf tient presque du miracle. Il est parfois possible à l'oreille humaine de percevoir un pépiement provenant de l'intérieur de l'œuf, quelques jours avant l'éclosion; à ce moment, l'embryon commence à respirer dans un espace situé vers le gros bout de l'œuf, cet espace se trouve entre deux membranes à l'intérieur de la coquille et résulte de l'évaporation de l'eau à travers celle-ci, provoquée par la chaleur émise par les parents pendant l'incubation. La plupart des embryons sont munis, sur la partie supérieure du bec, d'une petite " dent "; c'est une excroissance cornée, qui pénètre dans la poche d'air entre les deux membranes et est utilisée pour faire pression, à la façon d'un levier, contre la paroi intérieure de la coquille.
Ayant fendu celle-ci avec sa " dent ", le poussin s'arc-boute avec la tête et les pattes en faisant pression sur la paroi qui, finalement, se brise.
L'éclosion s'achève habituellement sans l'aide des parents, quoique, chez quelques espèces, ces derniers apportent une légère assistance au poussin en piquant la coquille. Un fou de Bassan, par exemple, a été observé soulevant une partie de la coquille de F œuf en train d'éclore. Si l'un des parents pique la coquille, il peut faciliter l'éclosion, mais c'est toujours le poussin qui fait le premier mouvement pour en sortir.
Rôle de l'observateur d'oiseaux
Si l'on pense à toutes les difficultés que les oiseaux doivent surmonter pour élever leurs petits et à la diversité remarquable des facteurs dévolution qui assurent la survie des espèces, il ne fait aucun doute que l'on doit bien réfléchir avant de déranger des oiseaux pendant la période de reproduction. De toute évidence, l'enlèvement des œufs se présente comme un vol qualifié et un acte de violence, que même la constitution d'une collection d'œufs ne saurait justifier, en dehors du fait qu'il est illégal de prendre les œufs de la plupart des espèces. Par ignorance ou insouciance, on peut priver un oiseau de presque toutes ses chances de réussir à élever sa famille. Si l'on perturbe le déroulement normal du comportement des parents aux différents stades du cycle de reproduction, il peut en résulter un échec total dans l'élevage des jeunes.
Certaines espèces sont très sensibles au moindre dérangement dès le début de la construction du nid et l'on peut involontairement causer leur désertion, il en résulte une perte de temps précieux passé à la recherche d'un nouvel emplacement, ce qui retarde tout le processus de la reproduction et, par suite, leur fait perdre les meilleures possibilités d'approvisionnement en nourriture. D'autres sont plus sensibles pendant la période d'incubation. Même si les parents n'abandonnent pas définitivement le nid, on peut les obliger à rester trop longtemps éloignés et les œufs se refroidissent.
Les oiseaux savent instinctivement combien de temps ils peuvent quitter leurs œufs sans risque, mais si l'on s'assied près du nid, même involontairement, on peut inquiéter et empêcher les parents de revenir couver; ceci peut se produire également après l'éclosion, et si l'on remarque un oiseau transportant de la nourriture dans son bec et se perchant à proximité d'une façon hésitante, il y a de fortes chances pour que l'on soit près d'un nid, il faut alors se déplacer et on pourra voir l'oiseau aller droit au nid.
Certains oiseaux rejoignent leur nid par une série régulière de mouvements d'approche, en utilisant des perchoirs successifs bien définis; si l'on en fait disparaître un, on détruit un repère familier, ce qui creuse une brèche dans la voie d'accès routinière conduisant au nid. Même si l'on soulève seulement le feuillage autour du nid, pour prendre une photographie, on modifie l'aspect du site, le rendant plus accessible au prochain prédateur qui le repérera plus aisément.
Dans un jardin, un oiseau qui couve restera le plus souvent sur son nid, même si l'on jardine au-dessous de lui, à condition que l'on ne s'arrête pas pour l'observer; si on le regarde fixement, mal à l'aise il s'envolera rapidement. En flânant nonchalamment à proximité de l'emplacement d'un nid, il est possible de l'observer du coin de l'œil en passant et de voir si l'oiseau couve, sans le déranger. Les oiseaux peuvent fréquemment tromper la crédulité d'un humain par leur comportement, mais, inversement, il est possible, avec un peu d'astuce, de les tromper également.
Cependant, les réactions humaines ne sont pas toujours guidées par le bon sens, nombreux sont ceux qui, par charité, recueillent un oisillon semblant abandonné, alors qu'en réalité il attend simplement sa nourriture; ces personnes charitables ne se doutent pas que les parents sont probablement aux aguets sous le couvert, attendant leur départ pour reprendre le devoir paternel. Le vieil adage " laissons-le à Mère Nature " n'est pas aussi follement sentimental qu'il paraît. La sélection naturelle est une puissante force qui détermine les modifications de l'évolution en faveur de l'éventuelle survivance de l'espèce; même si l'on ne comprend pas très bien comment elle agit, il ne faut pas, au moins, essayer de rendre cette survie encore plus difficile.
Une merveilleuse variété d'oiseaux niche dans l'ouest de l'Europe. Sur ce site, les espèces sont décrites de façon à permettre à ceux qui s'intéressent à la Nature de se distraire et de s'instruire pendant la saison de reproduction des oiseaux. Quelques espèces qui ne nichent pas en France sont incluses à l'intention des lecteurs qui peuvent voyager et sont susceptibles d'aller en vacances à l'étranger.
Quelques-unes des espèces réputées rares peuvent être vues dans des réserves ou des parcs nationaux. Ces sanctuaires ont été créés tout particulièrement pour assurer leur conservation, ce qui est à la fois un devoir pour l'Homme, Maître de la Nature, et une source d'enseignement pour les naturalistes. Les gardiens des réserves font tout ce qu'ils peuvent pour protéger la Nature et donnent au public toutes les recommandations utiles quant à son comportement dans la réserve ou le parc. Il convient donc de tenir le plus grand compte de leurs conseils, sinon on risque d'être involontairement la cause de désordres, ne serait-ce que par ignorance.
Une somme considérable d'informations relatives aux oiseaux et nécessaires à la rédaction du présent document a été réunie par le travail patient d'un grand nombre d'observateurs aussi bien amateurs que professionnels.
Mais il convient d'insister sur le fait que, ces pages ne concernent que les oiseaux à la saison des nids. Pour tout ce qui touche à leur biologie durant une autre période de l'année (plumage d'hiver, migrations, nourriture), il est nécessaire de s'adresser à d'autres sites ou livres. Il en existe un bon nombre dont certains sont tout à fait excellents.
Dans nos textes, nous avons souvent reproduit des onomatopées censées représenter des cris, des appels ou des chants. Il nous faut bien souligner que ces essais sont extrêmement imparfaits. Il est d'ailleurs piquant de comparer les textes relatifs au même sujet publiés par les auteurs les plus compétents : cris et chants d'un même oiseau sont transcrits de façon presque toujours différente ! Les naturalistes intéressés par ces questions auront donc le plus grand profit à se procurer des disques reproduisant avec une très grande fidélité la voix des oiseaux enregistrée dans la nature ; il en existe de parfaits qu'on trouve dans le commerce dans tous les pays d'Europe occidentale.
Les oiseaux font partie du monde où nous vivons et, soit qu'on les étudie scientifiquement, soit qu'on les recherche seulement pour le plaisir de les regarder et de les entendre, ils procurent un plaisir et un intérêt constamment renouvelés.